un appel de détresse

Jean-Claude Fignolé
(1941-2017),

maire de la commune des Abricots
MISE-À-JOUR : 16 AOÛT 2017
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TREMBLEMENT DE TERRE EN HAÏTI
   
   
Jean-Claude Fignolé, « Vœu de voyage et intention romanesque », Port-au-Prince, 1978
Jean-Claude Fignolé, « Les possédés de la pleine lune », Paris, 1987
Jean-Claude Fignolé, « Aube tranquille », Paris, 1990
Jean-Claude Fignolé, « Une heure pour l'éternité », Paris, 2011
L'ÉCRIVAIN-CITOYEN

« Celui-ci est à reconnaître tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, même s'il paraît faire bande à part, singulièrement. Du dedans comme du dehors, ces questions migrantes devraient l'interpeller : qu'y a-t-il à payer pour habiter entièrement ma terre, la terre ? Quel tribut offrir pour investir pleinement mes langues et mes langages ? Comment accompagner des concitoyens dans la conjuration de leur sort ? Comment (re)bâtir son pays ?
« Aux Abricots, petite commune papillonnant sur la lèvre inférieure de la presqu'île d'Haïti, dans le département de la Grande-Anse, une réponse semblable à un doux rêve scellé par la réalité épouse un nom d'auteur actif : Jean-Claude Fignolé, homme impulsant un travail de développement de première nécessité. L'écriture, c'est la vie aurait-il pu dire. L'écriture peut-être aussi un acte civique et citoyen, sans altération esthétique aucune. Chaque arbre planté est un poème qui grandit. Chaque consigne de sécurité transmise est une fable certaine de sa narration. Chaque clause du droit et du devoir expliquée est un roman d'apprentissage édifiant son protagoniste. À la volonté d'être citoyen du monde correspond d'abord la préexistence d'une véritable conscience citoyenne chez soi, à entretenir. »

Jean Durosier Desrivières, « Mot-dit, Haïti : une piste des failles … », in Haïti, le désastre et les rêves, Paris : Riveneuve (Riveneuve continents, 13), 2011 — pp. 28-29
NON À LA FATALITÉ DE LA MISÈRE

Jeudi 4 août 2011 : Haïti est directement exposée au passage de la tempête tropicale Emily.
C'est l'occasion d'un regard sur la commune des Abricots où le maire, Jean-Claude Fignolé, refuse de se soumettre à la fatalité de la misère, s'efforçant avec succès de mettre en œuvre un ensemble cohérent de programmes de développement durable visant, entre autres, à assurer la formation et l'emploi, la sécurité sanitaire et alimentaire (agriculture vivrière, pêche, transformation) et à promouvoir un tourisme respectueux de l'environnement.


P
ublié en novembre 2010, un reportage vidéo (commentaire en créole) illustre les remarquables progrès réalisés depuis le séisme du 12 janvier 2010. Comme l'affirment les réalisateurs : Abricot is a beautiful place with beautiful people !
MARDI 21 SEPTEMBRE 2010 à 19:00 heures
HÔTEL DE VILLE DE CREIL (OISE)
Rencontre avec Jean-Claude Fignolé

Organisée par la Mairie de Creil et l'association du Collectif Haïti Solidarité Oise.
Hôtel de Ville
Place François Mitterand 60100 Creil
Tél 03 44 29 52 48
VENDREDI 16 AVRIL 2010 à 20:35 heures
France 3 - Thalassa
Haïti, Retour aux Abricots

En décembre 2008, Thalassa avait consacré un reportage télévisé à la commune des Abricots et à son maire Jean-Claude Fignolé (réalisation Stéphanie Brabant, cf. ci-dessous). Pour faire le point sur la situation consécutive au tremblement de terre (la commune a accueilli près de 9 000 rescapés), une équipe de reportage est retournée sur place : comment s’organiser, comment nourrir la population, comment reconstruire ?

À voir sur le site de Thalassa.
       C'est un appel de détresse que je lance.

       Ma commune s'impose d'accueillir près de 8 000 rescapés du séisme dont certains ne sont pas originaires de la région. Vendredi, pour l'ensemble du département, les services de la protection civile en avaient déjà enregistré 80 750. Plusieurs orphelins, égarés, hébétés, venus d'un ailleurs dont ils ne se rappellent pas le nom hantent les campagnes. Il a fallu les prendre en charge, sans assistance sinon grâce a la générosité de quelques amis haïtiens, antillais, français, belges et la générosité de quelques familles paysannes auxquelles la mairie a donné par enfant une ration d'un demi kilo de riz et une boite de lait. Geste derisoire qui ne suffit pas a pallier un certain inconfort … moral ni à me donner bonne conscience comme représentant d'une … autorité pratiquement faillie. J'ai découvert dans le yeux hagards de ces enfants affamés, qui avaient attendu sur les quais de Port-au-Prince plus de huit jours avant d'être évacués vers leurs lieux présumés d'origine ce que peut être l'indignité d'un pouvoir central qui de plus en plus s'absente de ses territoires de responsabilité.

       Je m'attendais à des difficultés d'approvisionnement à court terme. Force est de constater que la précarité s'installe en termes d'immédiateté. Au marché du lundi, les produits vivriers ont disparu des étales aux premières heures. Un effet de rareté ? Face à l'abondance des récoltes, la mairie avait envisagé l'épuisement des réserves à fin février. Une erreur d'appréciation du volume des arrivants. À voir le flux, une espèce de conglomérat humain, on ne peut plus parler de nombre mais de volume. Et de la pression, de la menace que cela représente. Les produits de première nécessité manquent déjà. Notamment le sucre. Hier soir une âme généreuse m'a offert une tasse de thé « braque » avec du jus de canne à sucre. On se console du goût âcre en prétextant que le jus de canne est un … fortifiant.

       À la précarité s'ajoute l'angoisse. Le pouvoir central est désespérément indifférent à la misère physique et morale de cette population qui, revenue en ses lieux d'ancrage, s'en trouve pourtant déracinée. La terre continue de trembler sous ses pieds et plus que jamais lui donne le sentiment de sa vulnérabilité. De sa fragilité. Perdue, seule, abandonnée. Elle n'a plus de repère sinon les édiles à qui elle demande de faire un miracle : la prendre en charge. Avec quoi ? Le gouvernement n'assiste pas. L'aide internationale, on en parle mais personne ici ne sait ce que c'est. Une seule question sur toutes les lèvres. Survivra-t-on ?

Jean-Claude Fignolé, maire de la commune des Abricots
le 2 février 2010
Aujourd'hui où je ne dispose que de 800 rations de nourriture sèche, au mieux 1 000 en rognant sur les portions, quand il m'en faudrait 7 fois plus pour permettre à plus de 5 500 familles d'être ravitaillées pour un mois, je me demande jusqu'à quand je devrai continuer de jouer au Don Quichotte. Dès aujourd'hui, c'est 5 000 personnes valides qu'il faut mettre au travail pour leur permettre de recapitaliser sur des revenus qui suffiront à peine à couvrir le strict minimum. Demain ce sera 2 000 à qui il faudra distribuer des semences et des outils pour relancer la production agricole, avec comme objectif de la tripler si je veux aboutir à garantir la sécurité alimentaire de la population et générer plus de revenus  aux agriculteurs. Plus d'une centaine d'enfants nous sont arrivés mal nutris avec cinq cas extrêmes, au bord de l'extinction physique. Pour me consoler d'être impuissant face à tant de misère physique et morale, je n'ai même pas le recours, étant incroyant, de m'en remettre à Dieu ni aux loas.

Jean-Claude Fignolé
le 13 février 2010
       Nous sortons peu à peu de l'urgence alimentaire et il nous faut penser déjà à la prochaine campagne agricole. Un concours en semences et en outils, une assistance technique seraient précieux pour nous.
       La situation se stabilise. Grâce à l'aide des amis de France, de Suisse, du Canada, de Belgique, d'Espagne, de la Caraïbe et d'Haïtiens de la Diaspora, la Municipalité a acheté des aliments, apporté une aide d'urgence pour le moment à un millier et demi de familles les plus affectées par l'afflux de rescapés et fourni un petit boulot, par rotation d'une quinzaine, à 800 personnes.
       Nous espérons que la saison des mangues, traditionnellement un appoint dans l'alimentation haïtienne, va diminuer la pression tandis que la récolte de fruits à pain permettra d'attendre sans trop d'angoisse, sauf violence du Nordet ou hargne des averses de printemps, les prochaines récoltes de céréales et de légumineuses. La Municipalité prévoit pour les trois prochains mois d'intensifier le programme de création d'emplois provisoires dans des secteurs à haute intensité de main d'œuvre comme la protection de l'environnement et la conservation des sols. Une facon pour les refugiés de recapitaliser financièrement, si maigre que cela puisse être.

Jean-Claude Fignolé
le 13 mars 2010
Commune des Abricots — HAÏTI

Situation Géographique : Située à l’extrême pointe de la presqu’île du Sud, la commune des Abricots est bornée au Nord et au Nord-Ouest par la mer. À l’Est par la commune de Bonbon. Au Sud-Est par celle de Moron. Au Sud par celle de Chambellan et à l’Ouest par celle de Dame-Marie.

Superficie : 108 km2

Population : De 32 000 âmes dans les années 80, elle est tombée à moins de 25 000 habitants d’après les dernières données de l’Institut Haïtien de Statistiques et d’Informatique (IHSI). Le village à lui seul compte 1 108 habitants. Deux autres bourgs Anse-du Clerc et La Seringue comptent respectivement 700 et 200 habitants.

Informations complémentaires sur le site Citées Unies France, portail de la coopération décentralisée et de l'action des collectivités territoriales françaises :
http://www.cites-unies-france.org/spip.php?article77

> Extrait d'un reportage de Stéphanie Brabant (France 3 Thalassa) diffusé le 12 décembre 2008 :