Margaret Cohen

The novel and the sea

Princeton university press

Princeton (N.J.), 2010
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errances

parutions 2010

The novel and the sea / Margaret Cohen. - Princeton (N.J.) : Princeton university press, 2010. - XIII-306 p. : ill. ; 24 cm.
ISBN  978-0-691-14065-0
If Earth and Water make one Globe, then he
Must like a Stranger to his Country be,
That's ignorant in Navigation …


John Gadbury, preface to Samuel Sturmy, The Mariner's Magazine
cité en épigraphe au Ch. 1, The Mariner's Craft, p. 15

Les îles et la mer ont, à l'évidence, partie liée. Mais, en littérature et dans le roman en particulier, les deux domaines ne se superposent pas, sinon occasionnellement et à la marge. C'est, entre autres, ce qui apparaît à la lecture de l'étude de Margaret Cohen sur le roman maritime ; pourtant, les deux œuvres qu'elle mentionne aux premières lignes de son introduction pourraient laisser croire à de plus intimes convergences : l'Odyssée et Robinson Crusoé ont en effet exercé une influence déterminante sur la fiction maritime et son essor.

En ouverture, Margaret Cohen se propose d'éclairer l'émergence d'une forme romanesque propre au monde maritime, marquée par la différenciation progressive entre récit (à la manière des relations de navigateurs tels que le capitaine Cook) et fiction ; les illustrations proposées datent, pour la plupart, du XVIIIe siècle et proviennent de France (Lesage, Prévost, …) et de Grande-Bretagne (Defoe, Smollett, …). Mais c'est aux Etats-Unis d'Amérique que paraît, en 1824, The pilot de James Fenimore Cooper, le premier véritable roman maritime aux yeux de Margaret Cohen. Suivent, dans le sillage de ce pionnier, les œuvres du britannique Frederick Marryat (The naval officer or, Scenes and adventures in the life of Frank Mildmay, 1829) et celles du français Eugène Sue (Kernok le pirate, 1830). Rétrospectivement, ces œuvres paraissent exprimer un aboutissement formel qui marque la maturité du genre et inspire une multitude d'écrivains sur les deux bords de l'Atlantique ; mais dans la seconde moitié du XIXe siècle, les romans d'Herman Melville (Moby-Dick1851), de Victor Hugo (Les travailleurs de la mer, 1866), de Joseph Conrad (The nigger or the Narcissus, A tale of the sea, 1897) et de Jules Verne (Vingt mille lieues sous les mers, 1869) vont porter la fiction maritime à son plus haut degré d'incandescence et transgresser les limites du genre en ne laissant d'autres voies aux suiveurs que celles fondées sur la répétition, le pastiche ou la recherche de nouveaux horizons « at the intersection of virtual reality, the psyche, and futuristic space » (Afterword, p. 225).

Au long de ce parcours qui, pour l'essentiel, couvre les XVIIIe et XIXe siècles, Margaret Cohen éclaire les ressorts et la dynamique qui, mieux que les lieux et circonstances, assurent une cohérence propre au récit de fiction maritime en lui conférant une tonalité spécifique permettant de le différencier radicalement des grandes formes romanesques de l'époque caractérisées par le peu d'intérêt accordé au travail — « the novel's seeming lack of interest in work » (Introduction, p. 12) ; et de poursuivre : « sea adventure fiction is an exception to such neglect. Work does appear in the guise of craft, a capacity that Conrad 1 called " the honour of labour " » (ibid.). Cette démarche s'avère particulièrement féconde ; mais en contre-partie elle maintient dans la pénombre, sinon à l'écart, des œuvres majeures — à l'exemple de celles de Robert Louis Stevenson (sans doute un peu abusivement cantonné dans l'orbite de la littérature destinée aux jeunes lecteurs) ou d'Edgar Allan Poe 2. Quant aux îles, elles semblent rester en marge — hors-champ, « off the map » (Ch. 4, p. 143) — d'un propos résolument orienté vers l'accomplissement sur mer de visées où s'expriment les ambitions des grandes puissances maritimes de l'époque, les Etats-Unis d'Amérique, la Grande-Bretagne et la France.
       
1. Margaret Cohen fait explicitement référence à « The Mirror of the sea » où Joseph Conrad utilise fréquemment le terme craft et ses variations (craftsman, crafty, craftiness), en leur faisant porter un large éventail d'acceptions dont témoigne la diversité des traductions que propose l'édition française de Pierre Lefranc [“ Le Miroir de la mer ”, Paris : Gallimard (Folio classique, 4760), 2008] ; les plus fréquentes désignent l'outil de travail (bâtiment, embarcation, bateau, voilier), puis le savoir-faire (métier, profession, technique, habileté, artisanat) et ses dérives voire ses excès (rouerie, sournoiserie) où l'on pressent une parenté avec la metis que les Grecs attribuaient à Ulysse.
2. “ The narrative of Arthur Gordon Pym of Nantucket ” aurait pu fournir d'intéressants développements concernant l'influence exercée par les récits de navigateurs sur les œuvres de fiction postérieures.
SOMMAIRE
(résumé)
Introduction : Seafaring Odysseus [PDF sur le site de Princeton university press]

1 The mariner's craft
2 Remarkable occurences at sea in the novel
3 Sea adventure fiction, 1748-1824 ?
4 Sea fiction in the nineteenth century : patriots, pirates, and supermen
5 Sea fiction beyond the seas

Afterword : Jack Aubrey, Jack Sparrow, and the whole sick crew

Notes
Bibliography
Index
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE

mise-à-jour : 11 septembre 2013

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