Territoires et sociétés insulaires [actes du Colloque international, Brest et Ouessant, 15-17 novembre 1989]
/ éd. par Françoise Gourmelon et Louis Brigand. -
Brest : Université de Bretagne occidentale, 1991. -
456 p. : ill., cartes ; 30 cm. - (Recherches
environnement, 36).
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LOUIS BRIGAND et FRANÇOISE GOURMELON :
Le colloque “ Territoires et Sociétés
Insulaires ” (…) avait comme objectif de rassembler
scientifiques, gestionnaires et élus afin de cerner les
évolutions contemporaines que connaissent les îles et les
méthodologies de recherche à développer pour
caractériser et identifier les changements qui les affectent.
Dans cette perspective, ce colloque devait déboucher sur des
recommandations en matière d'aménagement et de
développement, mais aussi en terme de perspective de recherche.
Essentiellement consacré aux îles de petite taille (inférieure à 10 000 km2 selon les critères retenus par les experts de l'UNESCO 1), le colloque a permis de présenter une quarantaine de situations insulaires de par le monde 2.
Si les géographes ont constitué le contingent le plus
important de la soixantaine de communicants, il convient de mentionner
la présence, parmi les chercheurs, d'écologues et
d'historiens. Cette ouverture interdisciplinaire, si importante pour
l'étude des îles, s'est doublée d'une ouverture
internationale grâce à la présence d'une vingtaine
de chercheurs étrangers 3.
(…)
Sur les trois journées du colloque, la première et la dernière 4 ont été consacrées aux communications présentées au sein de trois commissions.
➀ La
première était orientée (…) sur
l'étude de l'insularité, des concepts qui s'y rattachent
et des différentes approches méthodologiques permettant
de la caractériser.
➁
La
seconde, intitulée “ les hommes et l'espace insulaire
”, abordait (…) les questions relatives à la
démographie, aux activités économiques, notamment
au tourisme et aux transports.
➂
La
troisième, en se consacrant aux aspects liés à la
gestion des ressources à l'aménagement et au
développement, a permis de passer du champ de la
conceptualisation et des études de cas, au champ de l'action et
des recommandations.
(…)
☐ Avant-propos, p. 7
1. | La Corse ou Chypre couvrent chacune moins de 9 000 km2 ; la Sardaigne 24 000 km2, la Sicile plus de 25 000 km2. | 2. | Des
îles proches (Ouessant, Molène, Sein, …) aux plus
lointaines (îles côtières du Japon,
Nouvelle-Calédonie, Vanuatu, Tonga, …) en passant par le
bassin méditerranéen, les parages africains ou
américains. | 3. | Venus
de Belgique, Canada, Espagne, Grèce, Irlande, Italie, Pays-Bas,
Portugal, Suède, U.S.A., Vanuatu, Yougoslavie. | 4. | “ La
seconde journée du colloque s'est tenue sur l'île
d'Ouessant. La visite de l'île et les rencontres avec les
autorités locales ont été l'occasion pour les
participants de faire connaissance avec l'une des plus remarquables de
nos îles du Ponant. ” — Louis Brigand et
Françoise Gourmelon, ibid. |
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| La prise de conscience dans les îles du caractère rare
et limité de l'espace coïncide avec la prise de conscience par
l'opinion publique mondiale que la planète Terre est aussi un espace
limité, une forme d'île dans le vaste Univers.
☐ Patrick Singelin et
Jean-Yves Monnat — Conclusions, p. 435 | L'ampleur
du champ ouvert aux intervenants, le nombre, la diversité (et la
qualité) des contributions ne permettent pas un commentaire
d'ensemble approfondi. Quant à un choix il serait
nécessairement aussi partial que partiel. On ne retiendra donc
ici qu'un rappel simplifié des conclusions tirées
à l'issue du colloque par les rapporteurs de chacune des trois
commissions.
➀ Très naturellement, la première
commission chargée de préciser les concepts liés
à l'insularité et aux méthodologies permettant de
la caractériser ne pouvait qu'émettre un (relatif)
constat d'échec : “ il peut être difficile
de résister à la tentation d'imaginer une
spécificité insulaire (…). Pourtant, il faut
reconnaître que la diversité des îles (…)
rend cette perspective hasardeuse. Dans ce cas, il vaut mieux
(…) faire nôtre le conseil de Circé à
Ulysse : prendre garde aux illusions et maintenir le cap sur des
objectifs plus réalistes, en l'occurrence la description
raisonnée des milieux insulaires (…). ”
— Guy Mercier, Rapport du thème 1 : Étude de l'insularité, p. 426.
➁
Dans leurs conclusions, les rapporteurs de la deuxième
commission émettent “ trois propositions
complémentaires ” :
- réhabiliter
“ la recherche géographique historique ”
pour mieux prendre en considération les évolutions
“ sur le très long terme ” ;
- promouvoir
la création d'une “ délégation
régionale aux risques majeurs ” destinée
à prévenir et à parer aux conséquences des
séismes, éruptions volcaniques ou
phénomènes météorologiques violents en
Guadeloupe, Martinique (et en Guyane) ainsi qu'à La
Réunion ;
- “ parier
sur l'homme, le former, lui faire confiance (…) les facteurs
éducation et communication n'ont peut-être pas
été suffisamment développés
(…). ” — Jean-Marie Becet et Guy Mainet, Rapport du thème 2 : Les hommes et l'espace insulaire, p. 432.
➂
La troisième et dernière commission, orientée sur
l'action et les perspectives de développement, aurait pu
proposer, au terme de ses travaux, un catalogue d'initiatives à
entreprendre. Les
rapporteurs ont pourtant retenu des conclusions de portée
générale, formulées en préalable aux
projets
à mettre en œuvre : “ L'espace insulaire
étant par définition bien délimité, les
acteurs de l'aménagement peuvent plus aisément que sur le
continent percevoir le caractère fini des ressources, en termes
d'espace, de disponibilité en eau, de linéaire de
littoral … C'est peut-être la raison pour laquelle
chercheurs et spécialistes se passionnent si volontiers pour
l'espace insulaire : il constitue en effet un lieu idéal
d'investigation, d'où l'exemplarité des
expériences insulaires en matière d'aménagement du
territoire et le caractère souvent novateur des solutions
proposées ”. — Patrick Singelin et
Jean-Yves Monnat, Rapport du thème 3 : Gestion des ressources et aménagement des îles, p. 434.
Autrement dit, les îles sont aux avant-poste des
évolutions majeures qui touchent la planète
entière ; constat reformulé plus loin avec vigueur
et qui mériterait de servir de conclusion générale
à l'ensemble du recueil : “ la prise de
conscience dans les îles du caractère rare et
limité de l'espace coïncide avec la prise de conscience par
l'opinion publique mondiale que la planète Terre est aussi un
espace limité, une forme d'île dans le vaste
Univers ”. — Patrick Singelin et Jean-Yves
Monnat, ibid.
Une injonction qui mérite d'être très largement entendue !
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- Françoise Gourmelon (dir.),
« Atlas de la réserve de biosphère de la mer
d'Iroise : exploitation cartographique de la base d'information
géographique Sigouessant », Hanvec : Parc naturel régional d'Armorique, 1995
|
- Louis Brigand, « Enez Sun : carnet
d'un géographe à l'île de Sein »,
Brest : Dialogues, 2017
- Louis Brigand, « Les
néo-entrepreneurs des îles, moteur d'un renouveau
économique ? » in Eric
Fougère
(éd.), Île,
état du lieu, Paris :
Téraèdre (Cultures &
sociétés - Sciences de l'homme, 40), 2016
- Louis Brigand, « Besoin d'îles »,
Paris : Stock, 2009
- Louis Brigand, « Les îles du
Ponant : histoires et géographie des îles
et archipels de la Manche et de l'Atlantique »,
Quimper : Éd. Palantines, 2002
- Louis Brigand (et al.),
« Les
îles en Méditerranée : enjeux
et perspectives », Paris :
Economica, 1991
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mise-à-jour : 3 octobre 2019 |
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