6ème édition
du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 2004)
ouvrage sélectionné |
Le tatouage inachevé
/ Sia Figiel ; trad. de l'anglais (îles Samoa) par
Céline Schwaller. - Arles : Actes Sud, 2004. - 325 p. ;
22 cm. - (Antipodes).
ISBN 2-7427-4767-2
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Trois générations de
femmes, certaines aux Samoa, d'autres en Nouvelle-Zélande,
racontent leurs destins à jamais liés par un tatouage
inachevé, bon prétexte pour cacher sous une tradition
magique comprommissions familiales et ordinaires péchés.
Les adolescentes des précédents
romans de Sia Figiel sont maintenant des adultes, prêtes
à travailler, à émigrer s'il le faut et
à souffrir des préjugés sur leur couleur,
leur origine et leur sexe. Car une véritable blessure
existe entre l'Occident dominateur et le monde du Pacifique nimbé
d'un halo paradisiaque. Sous les clichés paisibles règnent
une dureté entre communautés, une tension entre
les sexes, une perte de repères dans un monde moderne
qui n'a que faire des légendes polynésiennes.
Dans son style inimitable mêlant
réel et imaginaire, tendresse et brutalité, poésie
et crudité de langage, Sia Figiel suit la difficile recherche
d'identité de son héroïne à travers
la jungle des non-dits familiaux. Elle nous montre aussi que,
là-bas comme ailleurs, quand on se débat dans la
survie ordinaire et qu'on se trouve en pleine solitude, il est
bon d'avoir une culture, un monde parallèle auquel se
rattacher.
❙ Née à Apia, aux
îles Samoa, en 1967, écrivain, peintre et véritable
actrice quand elle présente ses poèmes, Sia
Figiel est considérée comme une des très
grandes voix du Pacifique.
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EXTRAIT |
Chaque action associée
au tatouage était une prière. Est une prière.
Le fait de réunir les matériaux et l'acte même
de tatouer, que j'assimile à une forme d'écriture.
En ce sens, les maîtres tatoueurs sont les médiateurs
de Dieu sur terre. Ils écrivent la vérité
de Dieu, que l'on trouve dans l'étoile de mer, la scolopendre,
la pirogue, la roussette, tous les symboles du tatouage, les
éléments de la nature et de l'univers répertoriés
dans la mémoire, répertoriés sur les cuisses
de nos jeunes femmes et les hanches de nos hommes. Telle est
notre prière. Une prière que nous transportons
avec nous. Tout le temps. C'est un miracle que le tatouage des
femmes soit le malu. Malu signifie « protéger ».
Abriter. Fa'amalu. Comme un parapluie. Un parapluie d'alofa,
d'amour, taché d'un peu de sang. D'un peu de douleur.
Mais c'est un alofa qui conserve. Le tatouage est l'expression
ultime de l'alofa, de l'amour. Non pas une prière
qui s'adresse à ceux qui subissent l'épreuve du
tatouage, mais une prière qui s'adresse à toute
la aiga, toute la famille, le village, la région,
le pays. Voilà ce en quoi je crois en tant que tatoueur.
C'est le seul bien que je possède. Le seul cadeau que
nous pouvons nous offrir l'un à l'autre.
☐ pp. 300-301
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « They who do not grieve », Auckland : Random house, 1999
| - « Where we once belonged », Auckland : Pasifika press,
1996 ; « L'île sous
la lune » trad. par Céline Schwaller, Arles :
Actes sud, 2001
- « The girl in the
moon circle », Suva (Fiji) : Mana publications,
1996 ; « La petite fille
dans le cercle de la lune » trad. par Céline
Schwaller, Arles : Actes sud, 1999 ; Paris : J'ai
lu (J'ai lu, 6429), 2002
- « To a young artist
in contemplation » poetry and prose, Suva (Fiji) :
Pacific Writing Forum, University of the South Pacific, 1998
- « Les danseurs »
nouvelle traduite par Céline Schwaller, in Douze écrivains
néozélandais, publié à l'occasion
des Belles Étrangères, Paris : Sabine Wespieser,
2006
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mise-à-jour : 7 janvier 2007 |

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