Lettres à
Daniel de Monfreid / Paul Gauguin ; éd. par Annie
Joly-Segalen ; Hommage à Gauguin, par Victor
Segalen. - Paris : Georges Falaize, 1950. - 251 p.-16 pl. :
ill. ; 21 cm.
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R.P. PATRICK O'REILLY &
EDOUARD REITMAN :
Lettres écrites de Tahiti et des Marquises par Gauguin
à son ami George-Daniel de Monfreid. Monfreid, 1856-1929,
fut pour Gauguin l'ami sans défaillance : « démarcheur »
bénévole, coursier, bailleur de fonds, factotum
permanent. A cause de cela il mérita de recevoir
une abondante correspondance — 84 lettres d'Océanie.
Le caractère même
de cette correspondance est un long cri de désespoir financier
beaucoup plus que des épanchements amicaux. On l'a fait
précéder par un Hommage à Gauguin de Victor Segalen, premier visiteur des Marquises aprè
la mort de Gauguin.
On consultera de préférence
[cette édition] plus complète [que les précédentes,
de 1918 ou 1930]. Le texte intégral des lettres a été
rétabli ; les noms propres ont remplacé les
initiales et Mme Joly-Segalen […] y a joint 16 réponses
de G.D. de Monfreid, des lettres de Fayet, Ch. Morice, Sérusier,
Vollard, Mme Gauguin, quelques notes, un index et 16 illustrations.
☐ « Bibliographie
de Tahiti et de la Polynésie française », n° 10021, p. 894
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VICTOR SEGALEN : […]
Étendues sur les douze
dernières années de sa vie, ces Lettres forment
un récit homogène, un drame qu'il est rare de voir
aussi conclu dans l'édition d'une correspondance. Le premier
acte est daté du 11 avril 1891, « En route
pour Mahé ». Au retour, en 1893, divers billets
de Marseille, Paris et Pont-Aven, attestent le continuel échange.
Durant le second séjour à Tahiti, les envois se
font réguliers, et, dans leur succession logique, de mois
en mois, ne permettent aucune incertitude.
Sans doute, il existe d'autres
lettres, timbrées des mêmes cachets adressés
à d'autres « amis », — mais
peu nombreuses, car ceux-là se montraient peu fidèles.
Gauguin, parmi ses plaintes, répète sans cesse
à Monfreid :
— « Je reçois une seule lettre, la vôtre …
— « Comme tous les mois, votre lettre arrive
seule … »
Que les autres publient donc ce qu'ils héritèrent
du Gauguin-maori. Les lettres qu'ils en possèdent, bien
que précieuses, demeureront épisodiques, —
celles-ci gardant l'essentiel.
La dernière est tragique
à tenir entre les mains. C'est un feuillet simple, daté
en haut et à droite, du mois d'avril 1903, — c'est-à-dire
de l'avant-dernier mois de sa vie. L'écriture est petite,
humiliée. Gauguin dès lors est condamné.
— « Je viens, dit-il, d'être victime d'un
traquenard épouvantable », et il raconte en
quelques mots son procès ; il s'en remet une dernière
fois à Monfreid, termine par la formule chez lui sincère :
« Toujours tout à vous de cœur »,
signe, et ajoute « tournez la page ».
On obéit, on saute d'instinct à la ligne extrême …
On lit : « Toutes ces préoccupations ME
TUENT. » Un trait renforce les deux derniers mots.
Enfin le nom : P. Gauguin, — et c'est fini.
[…]
☐ Hommage à Gauguin, p. 46
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- « Lettres de Gauguin
à Daniel de Monfreid » précédées
de Hommage à Gauguin par Victor Segalen, Paris :
Georges Crès, 1918
- « Lettres de Gauguin
à Daniel de Monfreid » précédées
de Hommage à Gauguin par Victor Segalen, Paris :
Plon & Nourrit, 1930
- Victor Segalen, « Hommage
à Gauguin », in Œuvres
complètes, vol. 1, éd. par Henry Bouillier,
Paris : Robert Laffont (Bouquins), 1995
- Victor Segalen, « Hommage
à Gauguin », in Hommage
à Gauguin, l'insurgé des Marquises, Paris :
Éd. Magellan, 2003
- Victor Segalen, « Hommage
à Gauguin », in Premiers écrits sur l'art (Gauguin, Moreau, sculpture) - Œuvres critiques, vol. 2 textes
établis par Colette Camelin et Carla van den Bergh, Paris :
Honoré Champion (Textes de littérature moderne et
contemporaine, 135), 2011
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mise-à-jour : 19 août 2011 |

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