L'insurrection malgache
de 1947 : essai d'interprétation historique / Jacques
Tronchon. - Fianarantsoa (Madagascar) : Ambozontany, Paris : Karthala, 1986.
- 399 p.-[16] p. de pl. : ill. ; 22 cm.
- (Gens du Sud).
ISBN 2-86537-156-5
|
Jacques Tronchon 1
a, le premier, levé le voile sur les causes, le déroulement
et les conséquences de l'insurrection de 1947 à
Madagascar. Longtemps qualifiée de « pacification »,
la répression qui s'en suivit fit 89 000 victimes
malgaches, chiffre à mettre en parallèle avec les
1 900 victimes malgaches et 550 victimes européennes
des insurgés. La France n'avait pas ménagé
ses efforts pour contrer cette offensive, véritable prototype
des guerres de libération coloniale en Afrique :
le corps expéditionnaire mobilisé pour l'occasion
comptera jusqu'à 30 000 hommes.
L'exceptionel intérêt
de cette « synthèse éclairante, restée
jusqu'ici incontournable » 2 tient
pour beaucoup à la personnalité de l'auteur et
à la qualité du regard qu'il porte sur Madagascar
et son histoire, ce qui ne doit pas occulter un rigoureux travail
de collecte, d'exploitation et de mise en perspective d'un impressionnant
ensemble d'archives privées (les archives militaires et
celles de l'Outre-mer étant à l'époque strictement
inaccessibles).
1. | « Un franciscain rayonnant qui a fondé, dans le grand ouest vierge, un
Eldorado où les sans-abri retrouvent la terre […] »,
« Voyage à Madagascar » par Samuel
Pruvot, Ecclesia, 13, 27 juin 2003. | 2. | « Le
soulèvement de 1947 : bref état des lieux »,
par Françoise Raison-Jourde, Clio, 4, printemps
1998 |
|
NOTE DE L'ÉDITEUR :
Comme en Indochine et dans les pays colonisés d’Afrique,
la fin de la Deuxième Guerre mondiale ouvre à Madagascar
une époque nouvelle : celle de la revendication pour
l’indépendance nationale. Malgré certaines
ouvertures du pouvoir à Paris (élargissement du suffrage
électoral, droit à une représentation politique,
suppression de l’indigénat et des
réquisitions …), le malentendu surgit très
vite entre les aspirations nationalistes et la métropole,
soucieuse avant tout de maintenir le statu quo.À Madagascar,
une succession de conflits va progressivement amener le pays à
l’insurrection : celle-ci éclate dans la nuit du 29
au 30 mars 1947. Les insurgés s’attaquent aux garnisons
militaires et aux postes de gendarmerie, ils coupent les voies
ferrées et les routes et tuent plusieurs Européens.
Jusqu’en juillet 1947, l’insurrection ne cessera de
s’étendre dans les campagnes pour gagner une partie
importante de l’île.Alerté, le gouvernement
français présidé par le socialiste Ramadier
minimise d’abord « les
événements ». Mais devant leur ampleur, un
coupable est vite désigné : le Mouvement
démocratique de la rénovation malgache qui a opté
pour l’indépendance … dans le cadre de
l’Union française. Malgré l’immunité
dont ils devraient jouir, les parlementaires malgaches sont
arrêtés dès avril 1947 : deux
députés sont condamnés à mort. La
répression policière ne suffira pas à
détruire le MDRM, ni surtout à briser le mouvement
paysan. La reconquête militaire, lancée par les ministres
des Colonies Marius Moutet (SFIO) puis Paul Coste-Floret (MRP),
s’achèvera plus d’un an après, laissant
derrière elle, selon la moyenne des estimations, au moins
100 000 morts. → | Compte-rendu par Francis Koerner, Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 63, 230, pp. 163-164 [en ligne] | → | Compte-rendu par Lucile Rabearimanana, Revue française d'histoire d'outre-mer, 1988, vol. 75, 280, pp. 380-382 [en ligne] | → | Jean-François Zorn, « L'insurrection malgache de 1947 : implications et interprétations protestantes », Histoires et missions chrétiennes, 2010, 2/14, pp. 13-34 [en ligne] |
|
ADRIEN LE BIHAN : L'ambassade [de France à
Madagascar] me téléphone :
— Nous voudrions que le président de la République,
dont nous préparons la visite à Madagascar, trouve
quelques ouvrages sur sa table de nuit. Que nous conseillez-vous ?
[…]
Je proposai qu'on déposât
sur la table de nuit présidentielle le livre de Jacques
Tronchon sur l'insurrection malgache de 1947, dont le témoignage
est accablant pour les responsables français de l'époque.
☐ « Retour de Lémurie »,
Paris : François Bourin, 1993 (p. 67)
|
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « L'insurrection
malgache de 1947 : essai d'interprétation historique »,
Paris : Maspero (Textes à l'appui, Histoire contemporaine),
1974
| - « Madagascar :
église et non-violence », Antananarivo : Centre
de recherche, d'étude et de documentation, 1994 ;
Antsiranana : Institut supérieur de théologie et de
philosophie, 1995
- « Il
y a cent ans … l'occupation française de
Madagascar : contexte, mythe, réalité »,
Antsiranana : Institut supérieur de théologie et de
philosophie, 1997
|
|
|
mise-à-jour : 3 avril 2017 |
 | |
|