Liberté Frankiz Fahafana [Les hommes libres, III] / Angèle Jacq. - Saint-Evarzec : Ed. du Palémon, 2007. - 356 p. : carte ; 18 cm.
ISBN 2-907572-82-2
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| Île
Île aux syllabes de flamme !
Jamais ton nom
ne fut plus cher à mon âme !
Île,
ne fut plus doux à mon cœur !
Île aux syllabes de flamme
Madagascar !
(…)
Mais ce soir la mitrailleuse
racle le ventre du sommeil.
La mort rôde
parmi les chants lunaires des lys.
La grande nuit de la terre
Madagascar !
Jacques Félicien Rabemananjara — cité en épigraphe, p. 7 |
NOTE DE L'ÉDITEUR : Dans “ Liberté Frankiz Fahafana ” 1 troisième tome du cycle Les hommes libres 2, la
peur de sauter avec l'explosif que désamorcent les prisonniers
allemands pousse Reun et Riquet à signer pour la Royale. Cap sur
Madagascar à l'hiver 46 comme une lueur de belle
espérance.
Sur le bateau, ils
sympathisent avec les Malgaches qui ont aidé la “ mère-patrie ” à chasser les nazis
et qui rêvent de fiancées laissées au pays,
d'indépendance promise à leur île, de chaleur
tropicale, de musique dans la liesse de la fête où les
vivants font danser les morts.
Hélas ! Au
retour sur l'Île Rouge, la liberté n'est plus au
calendrier et la nuit coloniale plombe la vie des Malgaches. La
révolte gronde et s'organise … 1947, c'est
l'insurrection : désorientés, les deux anciens
résistants ne comprennent pas qu'ils doivent réprimer la
liberté de ceux qui les ont aidés à recouvrer la
leur !
1. | Liberté, Frankiz, Fahafana : “ liberté ” dans les trois langues — française, bretonne, malgache. | 2. | Reun
et Riquet, les héros du cycle, sont deux jeunes Bretons qui
après s'être soustraits au S.T.O. se sont engagés
dans la résistance. |
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EXTRAIT |
Avec
anxiété, les Malgaches les voient débarquer. Le
long des rues noyées de poussière, accablées de
canicule, impassibles, résignés ou moralement
révoltés « les indigènes »
regardent passer l'occupant au pas cadencé, arme à
l'épaule, arrogant, belliqueux.
Où est donc passé ce 19 mai 1946 où le Haut
Commissaire de la République, fraîchement
débarqué de métropole, ne réussit pas
à déclamer son discours ? La foule de Tananarive,
banderoles de l'indépendance en tête, le couvrit de
tumultes comme le relataient les jours suivants les manchettes des
journaux malgaches. Que sont ces manifestations devenues ?
Joyeuses, bon enfant et pleines d'espérances, elles repoussaient
pacifiquement l'occupant dans ses derniers retranchements.
Du moins le croyait-on.
Aujourd'hui les vainqueurs défilent dans Tamatave avec leurs
commandos de Marine. Au garde-à-vous devant leur drapeau, ils
gueulent à tue-tête leur chant sanguinaire
« qui abreuve leurs sillons » … Pour
les Malgaches c'en est un crève-cœur : ils ont
dû l'apprendre et le chanter dans les écoles. Ils
espéraient ne plus l'entendre. Ils rêvaient « d'an-dafy, de
jeté à la mer » de l'occupant. Aujourd'hui,
par étape, sa troupe se répand et s'enfonce dans leur
territoire, route vers Moramanga, au cœur de la rébellion.
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pp. 204-205 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - Angèle Jacq, « Le voyage de Jabel », Rennes : Ouest France, 1999, 2001 ; Saint Evarzec : Ed. du Palémon, 2004
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mise-à-jour : 13 novembre 2007 |

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