Les
oncles de Sicile / Leonardo Sciascia ; trad. de l'italien par
Mario Fusco. - Paris : Denoël, 2011. - 322 p. ;
21 cm. - (Denoël & d'ailleurs). ISBN 978-2-207-25830-9
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| … en Sicile … les pauvres qui vivaient d'espoir … appelaient oncle tous
les hommes qui apportaient la justice ou la vengeance, le héros
et le chef de mafia, et l'idée de justice brille toujours dans
l'incantation des pensées de vengeance.
La mort de Staline, p. 298 |
Trois
des nouvelles qui composent le recueil ont été
publiées en 1958 chez Einaudi dans une collection dirigée
par Elio Vittorini — La zia d'America, La morte di Stalin et Il quarantotto ; dans une seconde édition, deux ans plus tard, s'y ajoute L'antimonio.La
postface de l'auteur, particulièrement destinée aux
lecteurs français, précise cette chronologie et rappelle
que Il quarantotto — Quarante-huit — évoque l'arrière-plan historique que l'on retrouve par ailleurs dans Le guépard
paru également, à titre posthume, en 1958 ; Sciascia
ajoute que les ressemblances entre les deux œuvres
« sont dues aux données objectives de l'histoire du Risorgimento
en Sicile » et que, par ailleurs, « ces
données [sont] plutôt interprétées dans [sa]
nouvelle dans le sens des Vice-Rois de Federico De Roberto » (p. 322).Dans Quarante-huit, la
Sicile est donc seule au premier plan. On peut lire, dans les trois
autres nouvelles, l'esquisse d'un dialogue entre la Sicile et le reste
du monde. Dans L'antimoine, Sciascia
met en scène un épisode de la Guerre d'Espagne : le
narrateur, enrôlé par la propagande fasciste pour soutenir
les nationalistes de Franco, ne cesse d'être sollicité par
une terre qui ressemble étrangement à son île au
point d'éprouver une sympathie grandissante envers ceux qu'il
est censé combattre.La tante d'Amérique
donne la mesure du fossé qui s'est creusé entre les
Siciliens émigrés aux Etats-Unis et leurs compatriotes
restés dans l'île. Et La mort de Staline
fait entendre, non sans humour, l'écho du projet
soviétique — ses espoirs et ses mirages —
sur une terre ravagée par un ordre social archaïque.
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EXTRAIT |
Je
n'ai pas une bonne mémoire des lieux, mais encore moins pour ce
qui est de l'Espagne ; peut-être parce que les villages
ressemblaient à ceux que je connaissais depuis mon enfance, mon
village et ceux des environs, et je disais — « ce
village est comme Grotte, ici, j'ai l'impression d'être à
Milocca, cette place est comme celle de mon
village » — et même à Séville
il me semblait par moments que je marchais dans les rues de Palerme
autour de la piazza Marina. Et la campagne aussi était comme
celle de la Sicile : la Castille est désolée et
solitaire comme la campagne entre Caltanissetta et Enna, mais avec une
désolation et une solitude plus vastes ; comme si le Père
Eternel, après avoir fabriqué la Sicile, s'était
amusé à faire un jeu d'agrandissement avec ces appareils
comme on en vend dans les foires, les ingénieurs s'en servent
aussi, on appelle ça des pantographes.
☐ L'antimoine, pp. 144-145 |
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Gli zii di Sicilia », Torino : Einaudi (I Gettoni, 57), 1958 (La zia d'America ; La morte di Stalin ; Il quarantotto)
- « Gli zii di Sicilia », Torino : Einaudi (I Coralli, 106), 1960 (La zia d'America ; La morte di Stalin ; Il quarantotto ; L'antimonio)
- « Les oncles de Sicile », Paris : Denoël (Les Lettres nouvelles), 1967
- « Les oncles de Sicile », in Œuvres complètes (vol. 1) 1956-1971, Paris : Fayard, 1999
| | - « La Sicile comme
métaphore : conversations avec Marcelle Padovani »,
Paris : Stock, 1979
- « À chacun son dû »
trad. de l'italien par Jacques de Pressac, nlle éd. revue et
corrigée par Mario Fusco, Paris : Denoël, 2009
- « La disparition de Majorana », Paris : Allia, 2012
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mise-à-jour : 8 juillet 2012 |

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