2ème édition du Prix du Livre Insulaire
(Ouessant 2000)
Prix « fiction » |
L'automne à
Cuba / Leonardo Padura ; trad. de l'espagnol (Cuba) par
Mara Hernandez et René Solis. - Paris : Métailié,
2000. - 232 p. ; 22 cm. - (Bibliothèque
hispano-américaine).
ISBN 2-86424-329-6
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NOTE DE L'ÉDITEUR : En ce mois d'octobre, le cyclone qui
menace La Havane perturbe l'inspecteur Mario Conde au moins autant
que la découverte de la corruption qui régnait
parmi ses collègues du commissariat. Son malaise croit
avec la découverte du cadavre mutilé de son ancien
camarade de lycée, Miguel Forcade. Mario Conde mène
une enquête difficile sur ce premier de la classe devenu
cadre politique brillant, puis exilé à Miami.
Les fausses pistes semées
de fausses blondes, de faux tableaux et de vrais déceptions
se multiplient dans une Havane chaotique, séduisante,
pleine de secrets, de trésors cachés et d'amours
souvent malheureuses.
Leonardo Padura utilise toutes
les ressources du roman noir pour aller au plus profond des interrogations
de ce qu'il nomme « la génération cachée »,
la sienne et celle de son héros.
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EXTRAIT |
Le Conde se releva et regarda par
la fenêtre : les rafales commençaient à
dépeigner les cimes des arbres, comme un présage
de malheurs plus grands encore. Devant le parvis de l'église,
de l'autre côté de la rue, les bonnes sœurs, avec
leurs jupes et leurs cornettes soulevées par la brise,
clouaient des planches sur les portes de l'enceinte sacrée,
pour empêcher les tentacules du Malin de pénétrer,
sous forme de déluge ou de vent, dans la maison du Seigneur.
C'était un paysage d'automne différent de celui
imaginé par Matisse, dans la raisonnable et rationnelle
Europe : l'automne sous les tropiques n'avait rien à
voir avec le retour saisonnier de la chute des feuilles ou des
lumières filtrées par les nuages. Les arbres que
contemplaient le Conde étaient avares, ils ne lâchaient
jamais leurs feuilles si elles n'étaient pas arrachées
par une force supérieure à la gravitation, et la
lumière du pays n'avait que deux dimensions réelles :
ou le bleu intense du ciel dégagé, capable d'aplatir
les objets et les perspectives, ou le gris profond de l'orage
qui tachait l'atmosphère et y faisait tomber la nuit avant
l'heure. Mais l'ouragan qui s'arc-boutait déjà
sur la côte sud de l'île avec l'intention de l'emporter
à la dérive était l'apogée la plus
tragique de l'automne dans cette partie du monde où tout
ce qui était octroyé par la nature avait des proportions
exagérées, la pluie, le vent, la chaleur, le tonnerre,
les vagues, et où le feuillage perpétuel des arbres
ne tombait que pour cause de catastrophe. C'était une
nature qui se chargeait périodiquement de démontrer
à l'homme son incapacité à la contrôler
et l'avertissait de ses infinies possibilités de vengeance.
☐ pp. 197-199
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COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE | - « Paisaje de otoño », Barcelona : Tusquets (Andanzas, 345), 1998
- « Les brumes du passé », Paris : Métailié (Bibliothèque hispano-américaine), 2002 ; Paris : Points (Policier, P1538), 2006
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mise-à-jour : 15 octobre 2009 |

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