Le texte qui suit,
reproduit dans son intégralité,
a été publié dans
Le Monde
(Jeudi 13 Octobre 2016).

Je dis que j'ai honte d'être européen, quand on voit le sort qui est fait aux migrants. Nos petits-enfants nous diront qu'on a tué des milliers de personnes. Et on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.
   ACCUEIL
   BIBLIOTHÈQUE INSULAIRE
   LETTRES DES ÎLES
   ALBUM : IMAGES DES ÎLES
   ÉVÉNEMENTS

   OPINIONS

   CONTACT


ÉDITEURS
PRESSE
BLOGS
SALONS ET PRIX
Pietro Bartolo et Lidia Tilotta, Les larmes de sel, Paris : JC Lattès, 2017
Tahar Bekri, Lampedusa in Murier triste dans le printemps arabe, Neuilly-sur-Seine : Al Manar, 2016
Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Paris : Seuil, 2017
Philippe Claudel, L'archipel du Chien, Paris : Stock, 2018
Louis-Philippe Dalembert, Mur Méditerranée, Paris : Sabine Wespieser, 2019
Fabienne Kanor, Faire l'aventure, Paris : JC Lattès, 2014
Emma-Jane Kirby, L'opticien de Lampedusa, Ste Marguerite-sur-Mer : Les Équateurs, 2016
José Saramago, Le Cahier : textes écrits pour le blog, septembre 2008-mars 2009, Paris : Le Cherche midi, 2010
Jean Ziegler, Lesbos, la honte de l'Europe, Paris : Seuil, 2020
Le Monde, 6-7 octobre 2019, Cécile Duflot, A Lesbos, un mort de trop et une honte pour l'Europe
ActuaLitté, 9 juillet 2018, Andrea Camilleri : Autour de Salvini, des relents fascistes façon Mussolini
Festival Etonnants Voyageurs, 20 mai 2018 : Construire un principe d'hospitalité opposable aux états
Le Monde, 23 janvier 2016, Maryline Baumard : Giusi Nicolini, Antigone moderne
Le Monde, 9 octobre 2013, Fabrizio Gatti : Lampedusa doit être candidate au prix Nobel de la paix 2014

Le maire de Palerme : « J'ai honte d'être européen »

propos recueillis par Amaury Hauchard


Maire de Palerme, Leoluca Orlando, membre du parti Rivoluzione civile (centre gauche), a fait de l'accueil des migrants son cheval de bataille. Il devait participer, mercredi 12 octobre à Paris, au colloque du Collège de France sur le thème « Migrations, réfugiés, exil ».

source : Le Monde

Estimez-vous que l’Europe en fait assez pour les migrants ?

Non. Il n'y a pas d'alternative à l'accueil des migrants. Les gens qui me disent « Vous êtes fou ! », je leur réponds : « Non, je ne suis pas fou, je pense à l'avenir. » Il n'y a pas de différence entre les Palermitains qui sont nés à Palerme et ceux qui y arrivent. Il faudrait abolir le permis de séjour. C'est la peine de mort de notre temps, une nouvelle forme d'esclavage. Nous avons créé le Conseil de la culture, le seul dans le monde à représenter les migrants politiquement. Les membres de ce conseil — 21 membres, dont 9 femmes — sont démocratiquement élus.


Que manque-t-il pour que l'accueil des migrants soit efficace ?

Il manque la normalité des migrations, partout. C'est la marginalisation, l'ostracisme qui sont un problème. Nous vivons dans un temps qu'on appelle la mondialisation, avec une mobilité financière, économique … Les migrants ont donné un visage à cette mondialisation, parfois triste, parfois heureux. Palerme est une ville migrante, multiculturelle, comme Beyrouth, comme Istanbul. Il y a quelque temps, des journaux britanniques et allemands ont écrit : « En pensant à Palerme, l'Europe devrait avoir honte. » Aujourd'hui, je dis que j'ai honte d'être européen, quand on voit le sort qui est fait aux migrants. Nos petits-enfants nous diront qu'on a tué des milliers de personnes. Et on ne pourra pas dire qu'on ne savait pas.


Faut-il une coopération plus importante avec l'Afrique ?

J'ai beaucoup de relations avec les maires africains. Fin septembre, j’ai signé un nouveau jumelage avec Grand-Bassam, en Côte d’Ivoire. Nous avons des relations avec des maires libyens, des maires tunisiens, marocains … Il est nécessaire de les aider pour permettre aux habitants de participer au développement de leur pays sans avoir besoin de venir en Europe.❙


➝ retrouver une version plus développée de l'entretien sur le site du journal.

Le Monde, 2016