L’urgence est à la construction d’un principe d’hospitalité qui deviendrait opposable aux États.
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Le Monde, 6-7 octobre 2019, Cécile Duflot, A Lesbos, un mort de trop et une honte pour l'Europe
ActuaLitté, 9 juillet 2018, Andrea Camilleri : Autour de Salvini, des relents fascistes façon Mussolini
Le Monde, 13 octobre 2016, Leoluca Orlando maire de Palerme : “ J'ai honte d'être européen ”
Le Monde, 23 janvier 2016, Maryline Baumard : Giusi Nicolini, Antigone moderne
Le Monde, 9 octobre 2013, Fabrizio Gatti : Lampedusa doit être candidate au prix Nobel de la paix 2014
Pietro Bartolo et Lidia Tilotta, Les larmes de sel, Paris : JC Lattès, 2017
Tahar Bekri, Lampedusa in Murier triste dans le printemps arabe, Neuilly-sur-Seine : Al Manar, 2016
Patrick Chamoiseau, Frères migrants, Paris : Seuil, 2017
Philippe Claudel, L'archipel du Chien, Paris : Stock, 2018
Louis-Philippe Dalembert, Mur Méditerranée, Paris : Sabine Wespieser, 2019
Fabienne Kanor, Faire l'aventure, Paris : JC Lattès, 2014
Emma-Jane Kirby, L'opticien de Lampedusa, Ste Marguerite-sur-Mer : Les Équateurs, 2016
José Saramago, Le Cahier : textes écrits pour le blog, septembre 2008-mars 2009, Paris : Le Cherche midi, 2010
Jean Ziegler, Lesbos, la honte de l'Europe, Paris : Seuil, 2020

Dimanche 20 mai, à Saint-Malo, les écrivains, artistes et réalisateurs réunis pour le festival Etonnants Voyageurs ont appelé la communauté internationale à réagir face au désastre humanitaire qui accompagne les migrations. Voici l'intégralité de la déclaration rédigée par Mireille Delmas-Marty, Patrick Chamoiseau, Michel Le Bris, et approuvée par de nombreux invités du Festival — au nombre desquels Christiane Taubira ou Jean-Marie Le Clézio. 


Face au désastre humanitaire qui accompagne des migrations d’une ampleur sans précédent, les surenchères répressives qui tiennent lieu de politique des migrations sont un déni de réalité. Les écrivains, artistes et réalisateurs réunis à Saint-Malo appellent la Communauté internationale à mettre en place une gouvernance mondiale nourrie de nos traditions multiséculaires et de nos imaginaires.


Un principe d'hospitalité

L’urgence est à la construction d’un principe d’hospitalité qui deviendrait opposable aux États. Le point de départ est le constat d’interdépendance. Comme l’a reconnu l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2016 aucun Etat ne peut à lui seul « gérer des déplacements massifs de réfugiés et de migrants ». Les conséquences, qu’elles soient « politiques, économiques, sociales, développementales ou humanitaires » atteignent non seulement les personnes concernées et les pays d’origine mais les pays voisins et ceux de transit, ainsi que les pays d’accueil.


Responsabilités des états

Comme pour le climat, l’interdépendance appelle un devoir de solidarité qui mobilise de multiples acteurs bien au-delà du dialogue interétatique. Des scientifiques (les climatologues sont remplacés par démographes et anthropologues) deviennent lanceurs d’alerte et veilleurs. Des collectivités territoriales (Etats fédéréset grandes villes) s’engagent. Des partenariats s’organisent avec les migrants et les diasporas et plus largement avec la société civile dans sa diversité : ONG et syndicats, citoyens spontanément solidaires malgré les risques de poursuite pénale. Il reste à mettre en œuvre les responsabilités « communes et différenciées » des États. Communes parce que les objectifs sont les mêmes : des migrations « sûres, ordonnées et régulières ». Différenciées parce qu’elles varient nécessairement d’un pays à l’autre selon des critères à définir : quantitatifs, comme la population, le PIB, le nombre moyen de demandes, ou le taux de chômage ; qualitatifs comme le passé historique ou la situation socioéconomique.


La maison commune

La force et la faiblesse de ce modèle de gouvernance mondiale est qu’il repose essentiellement sur la bonne volonté des acteurs. Pour être efficace, il doit être pleinement reconnu en termes de légitimité. La célébration des 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en décembre 2018, est l’occasion de cette reconnaissance. À l’image du développement durable qui a permis de pondérer innovation et conservation, le principe d’hospitalité, régulateur des mobilités humaines, permettrait de pondérer exclusion et intégration et d’équilibrer les droits et devoirs respectifs des habitants humains de la Maison commune.