Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun

La nuit des bouches bleues

Éd. de Tahiti

Moorea, 2002
bibliothèque insulaire
    
édité à Tahiti
parutions 2002
5ème édition du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 2003)
ouvrage en compétition
La nuit des bouches bleues / Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun. - Moorea : Les éditions de Tahiti, 2002. - 59 p. : ill. ; 21 cm.
ISBN 2-907776-19-3

Le temps d'une nuit et d'un songe, deux pensées anciennes se rejoignent, l'une enracinée dans la forêt de Brocéliande en Bretagne armoricaine, l'autre tirant sa force de la terre d'Opoa à Raiatea — lieux sacrés, ici et là, où les cultes n'étaient célébrés qu'avant l'arrivée de Yahvé.

Jean-Marc Pambrun met en scène ce dialogue immémorial dans une pièce entièrement écrite en vers : le long échange entre Rua-Tini (Lui) et la Fée de l'Eau (Elle) s'en trouve empreint d'un hiératisme qui souligne la pressante nécessité de raviver une sacralité en harmonie avec la Terre :

LUI — Alors qu'à des lieux à la ronde
Des clans inconnus du Vieux Monde
Avaient sacralisé la terre,
Yahvé décida du contraire !

ELLE — Il édicta dix lois sacrées
Pour préserver l'humanité,
Aucune ne fut décrétée
Pour que la terre soit aimée.

Ce rappel pourrait être l'occasion d'une confrontation opposant les héritiers de traditions dépossédées aux tenants de la Révélation ; mais l'auteur refuse de faire porter à autrui la responsabilité d'un état du monde qu'il stigmatise : notre pire ennemi, c'est nous. Cet aveu ouvre-t-il la perspective d'une régénération ? Quand la nuit s'achève, de la rencontre des deux voix anciennes s'élève à nouveau l'espoir : J'ai fait un songe […] Tout ira mieux à l'avenir !

NOTE DE L'ÉDITEUR : La nuit des bouches bleues est une pièce de vers octosyllabiques en un acte. Plus prosaïquement, par le choix de sa forme littéraire, il pourrait s'agir aussi d'un long poème partagé par trois personnages : une femme avide de donner un sens à sa vie — la dormeuse — et les esprits de deux êtres disparus au XVIe siècle appelés dans son sommeil pour l'éclairer : l'un, Rua-Tini était un guerrier de Ra'iatea, l'autre était une fée de la forêt de Brocéliande.

Cette pièce nous emmène donc dans un univers énigmatique que l'auteur affectionne tout particulièrement, à la frontière du visible et de l'invisible : celui des mythes, des songes et des esprits qui les inspirent.

Le choix de cet espace permet à l'auteur de donner la parole à une pensée autochtone qui n'existe que parce qu'elle se nourrit de ce fond de spiritualité et d'organiser une rencontre entre deux cultures qui n'ont cessé de s'affronter au cours des derniers siècles, mais qui, dans l'absolu, ont partagé à un moment donné un patrimoine commun puisé à la source du sacré.

Ce texte est d'abord et avant tout un conte spirituel qui lance un appel émouvant au dialogue des cultures.

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
Sur le site « île en île » : dossier Jean-Marc Pambrun

mise-à-jour : 27 février 2011
Né à en 1953, Jean-Marc Tera'ituatini Pambrun
est mort à Paris le 12 février 2011.

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