Isola, retour des
îles Galapagos / Diane de Margerie. - Paris : Pauvert,
2003. - 143 p. ; 21 cm.
ISBN 2-7202-1489-2
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D'un voyage aux îles Galapagos,
Diane de Margerie a ramené ces notes — fragments
d'un journal — où se superposent aperçus
du monde qu'elle découvre, réminiscences d'illustres
prédécesseurs (Melville, Darwin, …), réflexions
sur l'île, les îles, l'insularité.
Arrivant sur l'île de Santa
Cruz, l'auteur se met en quête des animaux qui font la
célébrité de l'archipel ; la déception
est proportionnelle à l'attente : « les
animaux évoquant la préhistoire s'avèrent
pour l'instant n'être qu'un mythe, car de toute une journée
passée à la station Darwin (…) je n'ai vu qu'un
seul malheureux iguane à l'air dégoûté ».
Mais, jour après jour,
le temps des îles exerce son emprise — c'est
ce que révèle l'image finale, cueillie ou rêvée
au voisinage de l'île Bartolomée, « une
image de victoire, de liberté, de triomphe »,
« vestige du monde marin » dont l'émergence
libère définitivement l'inquiétude éprouvée
au début du séjour. Diane de Margerie a-t-elle
réellement assisté à l'envol d'une raie
manta : « l'ai-je vraiment vu léviter
à la surface de l'océan ? Ou bien ai-je cru
la voir ? Peu importe, car elle ne cesse de ressurgir dès
que j'y pense ».
C'est dans l'espace ouvert par
l'improbable apparition qu'enfin prend son essor le besoin d'écrire :
« telle une aile de poisson, surgit la pensée
de l'encre noire et le fait de pouvoir écrire, écrire
un livre en quelques jours ; les mots se pressent, j'entends
le livre au fond de ma tête ».
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NOTE DE L'ÉDITEUR : Sommes-nous attirés par
les îles parce qu'elles sont des parcelles flottantes dans
l'océan ou à cause de la mer qui les entoure ?
Parce qu'elles nous initient aux délices ambigus de la
solitude ou parce qu'elles nous fascinent lorsque, désertes,
elles nous inquiètent ?
Au retour des Galapagos, Diane
de Margerie raconte son voyage, ses rencontres avec des paysages
fabuleux, des animaux d'un autre âge — tortues, iguanes
— qui rappellent les origines. Elle restitue ici le journal
qu'elle a tenu à Puerto Ayora, île de Santa Cruz,
au large de l'Équateur, prétexte à dire
non seulement les beautés d'une nature sauvage mais également
les aventures rocambolesques, souvent tragiques, des pionniers.
Ce carnet de voyage et les réflexions qui l'encadrent
font appel aux amoureux de l'errance comme Conrad et Melville
ou, encore plus près de nous, Michel Tournier et Nicolas
Bouvier.
Poème en prose, texte
nostalgique non dépourvu d'ironie, petite chronique, Isola
est aussi une étude de ce désir que nous éprouvons
de partir, toujours partir, vers un ailleurs mythique.
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EXTRAIT |
La raie de velours, noire et
blanche, continue à voler au-dessus des eaux. Ce qui compte,
c'est d'être avec elle au milieu de nulle part grâce
à l'imaginaire — être, en même temps,
au centre de tout, voguant d'une île à l'autre,
ne sachant d'où je viens et encore moins où je
vais — ce que l'on appelle, dans notre pauvre langage
humain, être perdue en allant, comme l'écrit
Baudelaire, « n'importe où hors du monde ».
☐ p. 140
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE
- Charles Darwin, « Journal de bord [Diary] du voyage du Beagle (1831-1836) », Paris : Honoré Champion (Classiques : essais), 2012
- Peter R. Grant and B. Rosemary Grant, « 40 years of evolution : Darwin's finches on Daphne Major island », Princeton (New Jersey) : Princeton university press, 2014
- Christophe Grenier, « Conservation contre nature : les îles Galápagos », Paris : IRD Éditions (Latitudes 23), 2000
- Herman Melville, « Les îles enchantées », Paris : Éd. Mille et une nuits (Mille et une nuits, 148), 1997
- Herman Melville, « Les îles enchantées » suivies de L'archipel des Galápagos de Charles Darwin, Marseille : Le Mot et le reste, 2015
- Georges Simenon, « Ceux de la soif », Paris : Gallimard (Folio policier, 100), 1999
- Kurt Vonnegut, « Galápagos », Paris : Grasset (Les Cahiers rouges, 198), 1994
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mise-à-jour : 31 mai 2016 |

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