Riccardo Pineri

Joan Abelló en Polynésie

Museu Abelló et Musée de Tahiti et des îles

Mollet del Vallès, Papeete, 2007

bibliothèque insulaire
 
peintres des îles
édité à Tahiti
parutions 2007
Joan Abelló en Polynésie = Joan Abelló a la Polinèsia / Riccardo Pineri ; préface par Oriol Fort i Marrugat. - Mollet del Vallès : Museu Abelló ; Papeete : Musée de Tahiti et des îles, 2007. - 95 p. : ill. ; 27 cm.
Riccardo Pineri a participé (2000-2005) au jury du « Prix du Livre Insulaire » d'Ouessant.
La rencontre d'Abelló avec la Polynésie vient de loin, elle relève de cette affirmation des années 1970 : « Le vrai point de départ d'un tableau est l'imagination. La réalité artistique trouve sa source dans l'exaspération des sentiments. »

p. 51

ORIOL FORT I MARRUGAT
 : Pour beaucoup d'entre nous, européens, un voyage en Polynésie signifie un voyage d'initiation à un pays et à une culture lointains et exotiques. Pour Joan Abelló 2, non. Joan 
Abelló voyage en Polynésie après avoir passé d'abord par l'île de Pâques, « dans la peau » de Gauguin et déjà revêtu de la cape de sa propre immense couleur ; pour Abelló ce n'est pas un voyage initiatique, c'est un voyage de rencontre.

Abelló ne va pas en Polynésie pour découvrir, il va pour s'imprégner d'un monde de couleurs qui va multiplier le sien et, de la confluence, naîtra le mélange le plus brillant qui va marquer une nouvelle étape du peintre catalan. La différence entre l'ordre plastique du Vallès et la débordante luminosité océanique « n'est que » la capacité de synthèse d'Abelló ; la capacité de synthèse de ceux qui ont fait de la couleur le sens de leur message artistique.

Privilège de quelques-uns.

C'est dans ce contexte qu'
Abelló crée toute une série d'œuvres inspirées par ces terres, par ce paysage, par ces gens et leurs manifestations folkloriques, par leurs arts. Des œuvres qui vont marquer une nouvelle époque d'Abelló et qui vont représenter sa volonté à laquelle il ne peut pas renoncer d'utiliser la couleur, d'utiliser jusqu'à l'explosion la merveilleuse couleur de terres qui jouissent de l'exquise cohabitation entre la nature et les hommes et les femmes. Explosion de vie qu'Abelló nous transmet.

Rien d'étonnant à ce que cette passion d'
Abelló produise un sentiment de proximité énorme avec les terres de la Polynésie ; rien d'étonnant à ce que les autorités de ces îles lointaines établissent un lien d'affection et d'admiration envers Abelló.

Ce livre plein de sensibilité et de sentiment, de savoir et de qualité, merveilleusement écrit par Riccardo Pineri, est la représentation la plus réussie de cette étape transcendentale d'
Abelló.

[…]

Préface, p. 9
       
1.Vice-président Fundació Municipal Joan Abelló.
2.Joan Abelló est né en 1922 à Mollet del Vallès, petite ville industrielle au nord de Barcelone.
EXTRAIT Chaque lieu possède, aux yeux d'Abelló, une lumière particulièrer, une tonalité fondamentale que ses couleurs mettent en évidence et exaltent. Sa peinture essaie de réactiver la sensibilité chromatique que l'homme d'aujourd'hui est en train de perdre, sollicité en permanence par la couleur artificielle des affiches, des néons, par l'illusion de l'immédiate compréhension que fournissent les mass-médias, perdant ainsi la faculté d'observer. La peinture d'Abelló veut reprendre l'exemple de l'explosion chromatique solaire des peintres « fauves », de la polychromie que le « primitivisme » depuis Gauguin jusqu'à Derain et Vlaminck entend retrouver comme pré-histoire oubliée par l'homme occidental, cette faculté de voir « une centaine de rouges pour les Maoris de Nouvelle Zélande, les sept types de blanc des Esquimaux » 1. Ce qui ne veut pas dire qu'il y ait chez Abelló la prétention de se transférer tel quel dans les mondes extra-européens, subissant la fascination d'un rapport exotique ambigu fait de projections fantasmatiques et de cécité historique, comme ce fut le cas pour les peintres allemands Pechstein et Nolde à la veille de la première guerre mondiale. Abelló est le fils de son époque, de la fin du XXe siècle pour qui l'exotisme du siècle précédent qui oscille entre le désir de survaloriser l'Autre et sa négation, apppartient désormais à un passé colonial défunt. Abelló ne nourrit pas non plus l'illusion de retrouver ailleurs un temps immobile, un miroir des origines « pures » et « simples » de l'humanité. La peinture d'Abelló est sans fausses nostalgies mais possède une prodigieuse conscience de la labilité des choses et du peu de temps imparti à l'homme pour les comprendre.

p. 64

1.Manlio Brusatin, « Histoire des couleurs », Paris : Flammarion, 1986 (p. 32).
COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE

mise-à-jour : 5 février 2015

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