Ananda Devi

Soupir

Gallimard - Coll. Continent noir

Paris, 2002

bibliothèque insulaire
       
des femmes et des îles
Maurice, Rodrigues, Chagos, …
parutions 2002
Soupir / Ananda Devi. - Paris : Gallimard, 2002. - 225 p. ; 21 cm. - (Continents noirs).
ISBN 2-07-076401-X
Ananda Devi a présidé le jury du 3e Prix du Livre Insulaire d'Ouessant.

Aux antipodes du roman exotisant, c'est à la Nef des fous ou à une nouvelle Danse macabre que fait irrésistiblement penser le roman d'Ananda Devi. Une poignée de femmes et d'hommes épuisent leurs dernières forces dans un combat sans espoir pour vivre — survivre — à Rodrigues : « Je n'ai jamais souhaité partir. Je suis né là, c'est mon lieu, c'est ma terre. On m'enterrera là, le plus tôt sera le mieux, et le cercle sera complet ».

Soupir est un morne nu au cœur de l'île, exposé sans retrait possible, à l'incessante agression des éléments — vent, chaleur aride — et marqué des stigmates de l'esclavage : « Toutes les terres défrichées par des esclaves portent en elles la dureté de la pierre. C'est inévitable. Leur cœur refusait ces terres, et ils y ont semé leur rage ». C'est ce lieu à jamais désenchanté qui abrite l'ultime épisode d'une comédie humaine circonscrite dans le champ clos insulaire.

De somptueuses images avivent cette désespérance sur laquelle Ananda Devi jette un regard tendre et fraternel, qu'elle octroie en partage à ses porte-parole : Patrice l'Éclairé, Noëlla et Marivonne, Corinne, Pitié, Louis Bienvenue, Royal Palm …

PIERRE MAURY : […] Ananda Devi, un an après Pagli, poursuit avec Soupir, son sixième roman, une œuvre qui mérite bien de trouver une complicité de lecteurs. Son écriture est aussi aigüe que la terre dont elle parle. Les désenchantés qu'elle met en scène trouvent ainsi un chant qui nous parle avec une force rare. On n'en finirait pas de décrire, pour chacun des être frémissants dans ces pages, la justice qu'elle leur rend. Et qui fait d'eux nos frères en humanité. Humanité fragile, humanité forte. Il y a finalement ici plus de bonté que de colère, on en doit reconnaissance à l'auteur.

Magazine littéraire, 406, février 2002

EXTRAIT

J'entends la douce ravane à l'intérieur de Noëlla, et le regard qu'elle pose sur moi est, enfin, débarassé de toute haine.
« Il t'a fallu du temps pour comprendre », dit-elle.
Je sais. Le chemin vers Soupir a été long. Et le chemin au-delà de Soupir, encore plus.
Mais nous y sommes. Nous sommes arrivés. Nous sommes en face du bleu-noir de notre destin, comme la femme de la charette, et nous comprenons qu'il n'y a plus qu'un pas à faire.
En nous penchant dans l'air éblouissant, nous voyons très clairement, au bas de la colline, les cercueils gravés de nos noms qui nous attendent.

Cela ne nous effraie pas. Ce que nous ressentons à ce moment-là, c'est ce déchirement d'amour qui accompagne tout adieu.

p. 220

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Odile Cazenave, « Par-delà une écriture de la douleur et de la violence : Michèle Rakotoson et Ananda Devi », in Jean-Luc Raharimanana (éd.), Identités, langues et imaginaires dans l'océan Indien, Interculturel Francophonies, n° 4, nov.-déc. 2003 (pp. 51-62)
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mise-à-jour : 15 janvier 2020
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