Pagli / Ananda Devi. -
Paris : Gallimard, 2001. - 157 p. ;
21 cm. - (Continents noirs).
ISBN 2-07-076021-9
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Ananda Devi a
présidé le jury du 3e Prix du Livre Insulaire
d'Ouessant. |
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« Tout roman est un
acte d'amour » |
L'œuvre d'Ananda Devi est nourrie à
la confluence de deux grandes cultures : l'Inde et l'Europe,
les voix du Mahabharata
et du Ramayana,
les textes du légendaire occidental transcrits par Grimm ou
Perrault. Là réside peut-être l'une des
clefs du miracle littéraire mauricien ; le choc du
divers est naturellement intériorisé ;
l'imaginaire ignore les frontières ; les langues
s'enrichissent les unes les autres de leurs
singularités ; l'oralité et
l'écriture se fécondent.
« Pagli » déploie
cette polyphonie, discrètement soulignée par le
recours à quelques mots créoles, en particulier
à l'ouverture des chapitres :
« Nuit / Lanwit »,
« Sucre glace / Gato
lamarye »,
« La Cérémonie / Maryaz »,
« Aube / Gramatin »,
ou « Solitude / Tusel ».
Qu'une telle richesse
serve, et avec une rigueur si implacable, une intrigue au
dénouement fatal peut surprendre. Mais l'espoir brille, au
cœur de cette œuvre noire. Mieux et plus qu'un
rêve,
la parabole insulaire d'Agalega (cf. extrait
ci-dessous) impose la suprématie d'une note
inaltérablement confiante.
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EXTRAIT |
Tu as parcouru toutes les îles.
Tu les connais toutes. Rocailleuses, basaltiques,
escarpées ou plates, arides ou vertes, tu les connais toutes
et tu les aimes.
Un soir d'étoiles tu me parles des
îles.
Points d'espace. La mangrove t'enlise. Tu t'allies
aux pêcheurs de là-bas, qui n'ont que leurs
casiers et leurs lignes pour vivre. Le cocotier est leur
mère nourricière. Il leur donne ses noix, son
lait, ses fibres, son copra. Le cocotier est la divinité de
leur vie. Dès l'enfance, ils connaissent chaque arbre et lui
donnent un nom secret. La beauté des îles n'a
d'égal que leur fragilité. Dès
l'enfance, ils savent que leurs jours sont comptés.
Et pourtant, c'est là qu'est
l'éternité, me dis-tu. C'est là que la
vie prend son sens. Chaque seconde gorgée de soleil et de
mer est comme un fruit qu'il faut tout de suite manger, avant qu'il se
mette à pourrir.
Un jour, me dis-tu, nous irons manger la noix de
coco à Agalega. Nous irons vivre là-bas et je
serai ton pêcheur et toi ma femme qui t'attend.
[…]
☐ Agalega,
p. 71
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COMPLÉMENT
BIBLIOGRAPHIQUE |
- « La fin des pierres et des âges »,
Rose Hill (Maurice) : Éd. de l'Océan
Indien, 1992
- « Le voile de Draupadi »,
Paris : L'Harmattan, 1993
- « Moi, l'interdite »,
Paris : Dapper, 2000
- « Soupir »,
Paris : Gallimard (Continent noir), 2002
- « La vie de Joséphin
le fou », Paris : Gallimard
(Continent noir), 2003
- « Le long désir »,
Paris : Gallimard (Continent noir), 2003
- « Eve de ses décombres »,
Paris : Gallimard (Collection blanche), 2006
- « Indian tango », Paris : Gallimard (Collection blanche),
2007 ; Gallimard
(Folio, 4854), 2009
- « L'ambassadeur triste »,
Paris : Gallimard, 2015
- «
Chiens
noirs » ill. de Jean-Marc Lacaze, Le
Tampon, Antananarivo : Dodo vole, 2017
|
- « Trois
notes », in Jean-Luc Raharimanana
(éd.), Identités,
langues et imaginaires dans l'océan Indien,
Interculturel Francophonies, n° 4,
nov.-déc. 2003 (pp. 81-84)
- « État
de rage », in Nul n'est une
île : Solidarité Haïti
collectif sous la dir. de Rodney Saint-Éloi et Stanley
Péan, Montréal : Mémoire
d'encrier, 2004 (pp. 55-61)
- « Le
Val du retour », in Terra Kerguelensis Incognita
collectif illustré par
Catherine Bayle, Matoury (Guyane) : Ibis rouge, 2005
(pp. 33-39)
- « Bleu glace », in Nouvelles de l'île
Maurice présentées par
Pierre Astier, Paris : Magellan & Cie (Miniatures),
2007
- « Les prisonniers », in Escales en mer indienne, Paris : Riveneuve (Riveneuve continents, 10), 2009
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mise-à-jour :
13 janvier 2020 |
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