Ananda Devi

Le voile de Draupadi

L'Harmattan

Paris, 1993

bibliothèque insulaire

      

des femmes et des îles
Maurice, Rodrigues, Chagos, …
Le voile de Draupadi / Ananda Devi. - Paris : L'Harmattan, 1993. - 175 p. ; 22 cm. - (Encres noires).
ISBN 2-7384-1641-1
Ananda Devi a présidé le jury du 3e Prix du Livre Insulaire d'Ouessant.

NOTE DE L'ÉDITEUR : « Ai-je porté en moi l'enfant et sa mort ? Lui ai-je moi-même donné, après sa lente gestation, ce jumeau intolérable, cette ombre définitive attachée à ses pas ? Peu importe les dieux et leurs exigences, la mère aussi est une divinité. Mais une divinité déchue, amputée de ses pouvoirs … »

Confrontée à la maladie de son fils, Anjali, jeune femme hindoue de l'île Maurice, n'a plus qu'un recours : accomplir la marche sur le feu, un rituel à travers lequel elle intercédera auprès des divinités en faveur de la vie de son fils. Mais avant de franchir le sentier de braises et de tenter d'apercevoir ce voile de Draupadi, dont on dit qu'il s'étend sur les braises pour protéger les marcheurs et les empêcher de se brûler, elle devra parcourir une longue route mystique au fond d'elle-même, vers un passé où se sont forgées toutes les chaînes de connivence qui emprisonnent son destin.

EXTRAIT

Nous avons roulé en silence jusqu'à l'extrémité sud-ouest de l'île. On ne peut pas aller plus loin. L'océan est déjà là, à nos pieds, et le collier de récifs s'interrompt ici pour laisser pénétrer des formes liquides d'une rare violence et si minutieusement sculptées qu'on peut à peine leur donner le nom de vagues.

Le temps est clair en cette région, le soleil déclinant ne brûle plus le ciel mais s'y dilate en une vaste incandescence. Les gerbes d'eau gravissent nerveusement les rochers et se cabrant par-dessus, se mélangent aux gerbes de lumière déversées du ciel. Les mêmes bruits d'eau et de vent nous entourent de toutes parts, se liguant pour siffler ou chuchoter ou geindre dans les cavités des rochers habités de leur propre musique. Ces hauts rochers, voûtés comme des cathédrales dont la pieuse et craintive populace se réfugie au moindre son étranger, en un crissement de pattes et de pinces, dans ses abris sous-marins, portent en eux une tout autre mémoire que celle des habitants de l'île. Ils ont été là au tout début, ils ont connu le frémissement des gaz et des énergies comprimés sous la voute terrestre, ils ont connu la fureur des explosions telluriques, les coulées de lave qui, à chaque refroissement, se solidifiaient et devenaient un sol, un espace et une aire où les hommes trouveraient un jour un point de rencontre et de repos.

p. 82

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • Odile Cazenave, « Par-delà une écriture de la douleur et de la violence : Michèle Rakotoson et Ananda Devi », in Jean-Luc Raharimanana (éd.), Identités, langues et imaginaires dans l'océan Indien, Interculturel Francophonies, n° 4, nov.-déc. 2003 (pp. 51-62)
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mise-à-jour : 13 janvier 2020
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Le Temps, 8 septembre 2018

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