André Lucrèce

Conversation avec ceux de Tropiques

HC Éditions

Paris, 2003
bibliothèque insulaire
   
Martinique

parutions 2003

6ème édition du Prix du Livre Insulaire (Ouessant 2004)
ouvrage sélectionné
Conversation avec ceux de Tropiques / André Lucrèce. - Paris : HC Éditions, 2003. - 77 p. ; 21 cm.
ISBN 2-911207-16-5

NOTE DE L'ÉDITEUR : Nous sommes dans les années quarante, sous le régime de Vichy dont les figures arrogantes enténèbrent la vie des Antilles. Tropiques, la revue animée par Aimé Césaire et René Ménil, « continuait, comme le dit André Breton, à creuser la voie royale ». De fait, elle forge, au delà des cicatrices, un haut projet littéraire, dans une connivence sans complexe avec ce qui se fait de mieux en Europe et dans les Caraïbes.

À l'heure où une certaine médiocrité d'existence se transmue en démission, où l'indigence de pensée cède aux narcissismes les plus délirants, ce n'est pas le moindre scandale que le message de Tropiques, dont la validité est essentielle, connaisse les rumeurs de l'oubli.

Dans ce texte, qui tient à la fois de l'hommage et du manifeste, en cette année [2003] du 90ème anniversaire d'Aimé Césaire, les mots d'André Lucrèce s'imposent tant par leur force de conviction que par la culture de l'auteur.

Écrivain, critique littéraire et sociologue, André Lucrèce est l'auteur de plusieurs livres et de très nombreux articles consacrés à la poésie, au théâtre, à la peinture. Il poursuit une réflexion sur les paysages, les mythes et les croyances des sociétés antillaises.
EXTRAIT

C'est [à la Martinique] qu'est né, dans un monde en guerre, en 1941, Tropiques, la revue d'Aimé Césaire et de René Ménil.

Soixante ans plus tard, il me semble que nous n'avons pas pris toute la mesure de la qualité de la révolte contenue dans Tropiques. Nos lamentations rituelles ont préparé un vertigineux oubli, qui constitue à la fois une perte et un aveuglement.

Pourtant, la révolte de Tropiques a fait passer le langage du côté de la lumière. Le langage n'a pas ici la mesure tranquille du fleuve, figure inconnue des Antilles, au contraire de l'Amérique continentale. Il a la diction dramatique des pierres, des décombres, des crevasses, des chemins tortueux, fatigués par les ascensions et les descentes, qui ne se résignent jamais à la naissance des avenues. Toute l'écriture antillaise en témoigne : ici, le langage se cabre. Et il faut mêler la langue au paysage tourmenté pour qu'on vous concède le voyage.

[…]

Je perçois donc Tropiques comme une trace fertile, toute dignité parlant dans la beauté de la chose écrite.

pp. 16-17

COMPLÉMENT BIBLIOGRAPHIQUE
  • « Tropiques : 1941-1945 » collection complète reprod. en fac-sim., Paris : Jean-Michel Place, 1994
  • Suzanne Césaire, « Le grand camouflage : écrits de dissidence (1941-1945) » éd. par Daniel Maximin, Paris : Seuil, 2009
  • Anny-Dominique Curtius, « Suzanne Césaire : archéologie littéraire et artistique d'une mémoire empêchée », Paris : Karthala (Lettres du Sud), 2020

mise-à-jour : 15 février 2021
André Lucrère

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