Petite histoire du
cinéma en Polynésie française,
Cinematamua / Marc Emmanuel Louvat. - Paris : L'Harmattan, 2016. -
216 p. : ill. ; 21 cm.
ISBN 978-2-343-10355-6
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Depuis
la fin du XVIIIe
siècle, Tahiti et les îles du Pacifique semblent
avoir
donné forme et consistance aux rêveries
édéniques qui peuplent l'imaginaire occidental.
Dès sa naissance un siècle plus tard, le
cinéma ne
pouvait donc que convoiter ces archipels enchanteurs. Comme le
signale l'ouvrage de Marc Emmanuel Louvat, la première
incursion
cinématographique dans le Pacifique remonte à la
navigation du Snark : “ en 1907, Leopold Sutto qui voyageait à
bord
du même bateau que Jack London a ramené les
premières images d’Océanie pour
Pathé
Frères avec Pêche
à la dynamite dans les îles Salomon
(1909) ” 1.
Mais le cinéma est une industrie autant qu'un art ; sa
pratique obéit donc aux lois de l'économie
— plus que les créateurs, ce sont les financiers,
comptables et gestionnaires qui décident. Comme le montre
l'ouvrage de Marc Emmanuel Louvat, la rencontre entre le cinéma
et les îles du Pacifique ne donnera pas les résultats
espérés. Toute plage bordée de palmiers peut
figurer Tahiti : en 1958, une adaptation de Typee, réalisée par Allan Dwan, est entièrement tournée au Mexique 2. Toute starlette, toute danseuse peut jouer la vahine :
Maria Castaneda, Roberta Haynes, Nancy Kawn, Dorothy Lamour, Rita
Moreno, Anita Stewart, … Au nom du pragmatisme l'Eden
océanien est souvent délocalisé.
Pourtant, deux films majeurs tournés à Tahiti et dans les îles proches n'ont cessé de rayonner.
Tabu
(1931) de Friedrich Wilhelm Murnau et Robert Flaherty atteint une
perfection indépassée et, de l'avis de beaucoup
indépassable 3.
Les rôles principaux — Reri et
Matahi —
sont interprétés par des Polynésiens, comme la
majorité des rôles secondaires. L'ouverture du film laisse
entrevoir l'existence d'un paradis sur terre, avant de montrer sa
disparition sous les coups de l'Occident colonisateur, … et
du repli derrière les tabu intransgressibles de la civilisation des îles.
Trente ans plus tard, c'est le tournage d'un film
américain qui mobilise l'attention : Mutiny of the Bounty avec
Marlon Brando et une jeune inconnue originaire de Bora Bora, Tarita
Teriipaia. L'aboutissement artistique manque, mais le
dénouement, hors caméra, est empreint d'amertume —
et le paradis sur terre ravalé au rang de fantasme.
1. |
p. 10 |
2. |
p. 121 |
3. |
Pour Eric Rohmer, Tabu est “ le plus grand film du plus grand auteur de
films ” — Cahiers du cinéma, mars
1953. |
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Le terme Cinematamua
a été inventé par Heremoana
Maamaatuaiahutapu en
2003. Il s'agit d'une contraction du mot
“ cinéma ” et de
“ mātāmua ” qui signifie en
langue
tahitienne :
premier,
dans le sens de commencement.
☐ p. 7 |
NOTE DE L'ÉDITEUR : Le
XXe
siècle sera le siècle du
cinématographe. Les
réalisateurs Maurice Tourneur, Robert Flaherty, W.S. Van
Dyke,
Friedrich W. Murnau, Richard Thorpe, Bernard Borderie, Claude Pinoteau,
Lewis Milestone, Jean Becker viennent filmer Tahiti.
Ils sont
accompagnés de comédiens
célèbres :
Douglas Fairbanks, Errol Flynn, Charles Laughton, Ramon Navarro, Marlon
Brando, James Mason, Jean-Paul Belmondo, Mia Farrow ou encore Mel
Gibson. Anna Chevalier, Charles Mauu, Maea Flohr deviennent
également les stars d'un film. La Polynésie est
présente sur les grands écrans du monde, puis sur
les
petits avec l'arrivée de la
télévision. Une petite
production locale voit le jour, permettant aux Polynésiens
de ne
plus être de simples spectateurs, mais des conteurs de leurs
propres histoires.
Ce livre raconte cette petite histoire du
cinéma en Polynésie française des
origines
à la fin des années 1980.
1. |
Marc
E. Louvat est un réalisateur vivant en Polynésie
française depuis 1994. Il réalise de nombreuses
émissions de télévision et des
documentaires
consacrés à la culture polynésienne.
De 2003
à 2011, il gère avec Eric Bourgeois la collecte,
la
conservation et la valorisation du patrimoine audiovisuel
polynésien. Il est l'un des membres fondateurs du Festival
International du film documentaire océanien et du
ciné-club Cinematamua. |
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SOMMAIRE |
- Cinematamua
- Premiers
tours de manivelle
- L'expédition
Méliès
- Les
années vingt
- Les films
ethnographiques des années vingt
- Les
explorateurs cinéastes des années trente
- La fiction
des années trente
- Les
premières actualités
- Les films
de fiction qui réinventent Tahiti
- Anna
Chevalier & Eugeniusz Bodo
- Les salles
de cinéma
- Les
débuts de la production locale
- Radio
Tahiti
- Fictions
américaines d'après guerre
- Fictions
françaises des années cinquante
- L'Italie
s'invite en Polynésie
- Les films
d'explorateurs des années cinquante
- La
télévision s'intéresse aux explorateurs
- Les
actualités
- Tahiti or
not Tahiti
- La fiction
des années soixante
- La
libération des mœurs des années soixante
- L'arrivée
de la télévision à Tahiti
- Le
documentaire des années soixante
- Les films
amateurs
- Le sport
tahitien en vedette
- La
promotion du tourisme par les films
- Les
années soixante-dix
- Les films
d'Henri Hiro
- La fiction
locale des années quatre-vingt
- Télé
Tahiti
- Présence
protestante
- Les
magazines
- David Lean
& « The Bounty »
- Films et
téléfilms des années soixante-dix
/ quatre-vingt
- Les
aventuriers des années quatre-vingt
- Conrad
Hall le Tahitien d'Hollywood
- Epilogue
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- Anne Akrich,
« Il
faut se méfier des hommes nus »,
Paris : Julliard, 2017
- Nicolas Chemla, « Murnau des ténèbres », Paris : Le Cherche midi (Cobra), 2021
- Lotte H. Eisner, « F.W. Murnau », Paris : Le Terrain vague, 1964
- Bernard
Judge, « Waltzing with Brando : planning a
paradise in
Tahiti », Novato (California) : Oro
editions, 2011
- Friedrich Wilhelm Murnau, « Südseebilder : Texte, Fotos und der Film Tabu »
ausgewählt, bearbeitet und kommentiert von Enno Patalas,
herausgegeben von der Friedrich-Wilhelm-Murnau-Stiftung, Berlin :
Bertz+Fisher, 2005
- Luis
I. Reyes, « Made in paradise : Hollywood's films of Hawai'i
and the South Seas », Honolulu : Mutual publishing of
Honolulu, 1995
|
LE CINÉMA SUR LE SITE DES LITTÉRATURES
INSULAIRES
En l'absence d'une sélection suffisamment
développée, la liste qui suit regroupe quelques
unes des
références dispersées sur l'ensemble
du
site. |
- Martin
Barnier et Pierre Beylot, « Analyse d'une
œuvre : Conte
d'été, Eric Rohmer, 1996 »,
Paris : Librairie Vrin (Philosophie et cinéma), 2011
- Alain Bergala, « Monika de Ingmar
Bergman », Crisnée
(Belgique) : Yellow now (Côté films, 1),
2005
- Ingmar Bergman, « Monika »,
Paris : L'Avant-scène Cinéma (567,
décembre 2007), 2007
- Ingmar Bergman, « Cris et
chuchotement [suivi de] Persona
[et de] Le lien », Paris : Gallimard
(Folio, 2620), 1994
- Pierre
Butin, Gilles Janin et Vincent Guigueno, « Un film
entouré d'eau : histoire et mémoire de L'or des mers de
Jean Epstein à Hoedic (1932-2005) », in
Pierre Frustier (dir.), Les identités
insulaires face au tourisme, La
Roche-sur-Yon : Siloé, 2007
- Jean Epstein, « L'or des mers »,
Baye : La Digitale, 1995
- Jean-Luc Godard, « Les années
Cahiers, 1950 à 1959 »,
Paris : Flammarion (Champs arts, 740), 2007
- Jean-Luc Godard, « Les années Karina, 1960 à 1967 »,
Paris : Flammarion (Champs arts, 741), 2007
- Vincent Guigueno, « Jean Epstein,
cinéaste des îles : Ouessant, Sein,
Hoëdic, Belle-Ile »,
Paris : Jean-Michel Place, 2003
- Andrea de Lauris et Pat Mullen,
« Man of Aran (le film) » in
Dominique Beugras (éd.), Les îles d'Aran, le
voyage vers l'ouest, Paris : La
Bibliothèque (L'Écrivain voyageur), 2000
- Isabelle Le
Corff, « Le
cinéma breizh-îlien : îles
bretonnes et cinéma »
illustrations de Nono, Morlaix : Skol Vreizh, 2016
- Patrick Louguet, « Le
voyage vagabond au cœur de l’œuvre
cinématographique de Jacques Rozier
(Les Naufragés de l’île de la tortue,
Maine Océan et Adieu
Philippine) », in Francis Marcoin (éd.), Encore Robinson,
Arras :
Université d'Artois, Centre Robinson, 2017
- Delos W. Lovelace, « King Kong »
d'après une histoire de Edgar Wallace et Merian C. Cooper,
Paris : Librio (Librio, 746), 2005
- Pat Mullen, « Man of Aran »,
Cambridge (Mass.) : The M.I.T. press, 1970
- Marie-France Pisier, « Le bal du
gouverneur », Paris : Librairie
générale française (Le Livre de poche,
6096), 1985
- Alyssa Goldstein Sepinwall,
« Slave revolt on screen : the Haitian Revolution in film and video
games », Jackson : University press of Mississippi, 2021
- Pierre Sorlin, « L'Avventura
(Michelangelo Antonioni, 1960) »,
Lyon : Aléas (Le Vif du sujet, 2), 2010
- Liv Ullmann, « Devenir »,
Paris : Stock, 1977
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festival
international du film insulaire de l'île de Groix |
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mise-à-jour : 16 septembre 2022 |
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